jeudi 18 novembre 2010

Grande fête du Tabaski

Après une (trop) longue pause nous reprenons notre plume. Depuis notre dernier post il s'est passé pas mal de choses en plus de notre vie quotidienne qui se poursuit tranquilement. Les semaines défilent maintenant plus vite que prévues même si paradoxalement nos journées ne sont pas aussi remplies que nous le souhaiterions. Voici donc la suite de notre feuilleton malien, avec les mêmes personnages...le scénario est palpitant!



 Jean et Geo à la pépinière. Il a fallu essayer une nouvelle technique d'arrosage pour nos pieds de moringa. Le principe est simple (en théorie) car il suffit de mettre en terre des chaussettes en plastique qui ont de petits trous. C'est une sorte de goutte à goutte. En pratique on a vite déchanté car creuser des trous d'1 mètre de profondeur s'avère compliqué et très vite pénible. Ils ont l'air si contents...

 Pour notre sensibilisation au moringa (décidemment encore lui) on partage chaque semaine un déjeuner avec des mendiants. Notre cuisinière, madame Bi, leur prépare environ 10kg de riz et une sauce avec un peu de viande et beaucoup de moringa. Bon, comme présenté là, ça a pas l'air très ragoutant mais pourtant...ça nourrit dirons nous!
 Eux en tout car apprécient et le plat revient vide à chaque fois. Ici pas de fourchettes ou de baguettes, on en met plein dans sa main et on fait une boulette qu'on jette dans la bouche. Au début on était assez réservés mais manger salement devient toujours un jeu drôle, alors on s'y est mis. On leur a aussi appris à se laver les main avant de manger surtout pour eux qui trainent dans la rue toute la journée.

 Après le saladier de riz, vient le temps des surprises et des cadeaux: les bonbons. Tout le monde en ligne et chacun le sien. Il y a des moments où on se sent si populaire, on vous promet!

 Groupe de mendiants rassasiés et contents de ce moment partagé. Ils sont envoyés par leur parents (pour ceux qui en ont), dans une école coranique où des maîtres leur enseignent les écritures. En contre partie ils doivent mendier toute la journée et payer un forfait journalier qui doit servir à les "nourrir". Comme il n'est pas toujours facile de trouver la somme réclamée, malheureusement certains volent. Triste jeunesse pour de si beaux sourires. Ce sont toujours des moments fort que nous partageons avec ces enfants.

Samedi dernier, avec le coordinateur de Binkad, Yaya Fofana, et son épouse nous avons fait un petit tour en voiture. Nous avons donc embarqué dans la Diane floquée du logo de l'association Binkad. Direction Zégoua à environ 13 km de Kadiolo soit environ 30 min de piste. Là-bas visite du marché qui est bondé à la veille de la fête du Tabaski. Chacun achète les condiments dont il aura besoin, des légumes, de nouveaux habits pour les enfants...Ici un vendeur bien particulier qui proposait des "tours de magie" pour attirer le passant. A noter les odeurs de poissons (péché il y a dix jours dans la mare du coin et cuit il y en a cinq) à vous faire ressortir votre déjeuner.La mer est loin et ça se sent!



N'étant pas loin de la frontière avec la Côte d'Ivoire, on s'est permis une petite virée dans ce nouveau pays. Malgré des élections en cours le pays est relativement calme. Pour passer la frontière sans encombre, on se fait accompagner d'un livreur de pain qui effectue le trajet tous les jours. Au poste frontière, on paie 1000 Francs CFA (1,4 euros) de passe-droit et on donne une baguette au douanier, en marcel, pantalon de treillis et tong, qui illumine de son charisme et de son autorité cette zone dangereuse...
De l'autre côté, le village est assez semblable à ce que nous connaissons chez nous. Au retour nous prenons le panneau d'entrée au Mali...sans commentaire.

On rédecouvre ce qui pourtant, en France, fait partie de notre quotidien: le goudron. En effet à Kadiolo et dans les villages alentours, point de tout cela, seulement du sable rouge. On retouche donc cette asphalte quittée le 23 septembre. On survit bien, rassurez-vous, mais le plaisir est là et le confort en voiture aussi!


Claire avec les jeunes qui tiennent la boulangerie pour laquelle nous avons livré du pain.


 Voici une des nombreuses boucheries de Kadiolo. Ici pas d'air climatisé ou de vitrines rafraîchies où la viande se repose en attendant le client. Non, le stand est en plein air, au soleil, ce qui permet à la viande de commencer à cuire sous le regard des mouches. La découpe se fait en direct et le coup de couteau est artistique. En fait c'est le genre de choses qu'il vaut mieux découvrir à la fin de son séjour; surtout quand on vous a servi de la viande à chaque repas. Perdu! Ah oui, ici le boucher n'est pas moustachu mais c'est pas pour ca qu'on viendra l'embêter. Tant il a l'air chaleureux et accueillant!




Le grand jour est enfin arrivé: la fête du Tabaski ou encore fête du mouton ou encore de l'aïd el Kebir.
C'est le grand évènement du calendrier musulman plus important encore que la fin du Ramadan. C'est l'occasion pour les familles de se réunir et de partager ensemble un bon repas. Ensuite on se souhaite la bonne année puis on la souhaite aux voisins, aux voisines, au préfet, au maire, au chef de village, de quartier, au député, au président de conseil de cercle....vous connaissez la musique. Aux mêmes personnes que nous sommes allés rencontrer au début de notre séjour. 
Pour être dans le ton, Fofana nous a prêté des tenues traditionnelles en bazin.Photo à notre hôtel avant le départ pour la prière.



On a décidé que cette fête ne serait LA fête que si nous suivions toutes les étapes et rites prévus. Jean et Geo se sont donc rendus à la prière (sur une place déjà en plein soleil) pour 45min de proclamation en arabe et en musulman par un imam en grande forme. Et bien sûr nous avons imité tous leurs gestes, inclinaisons et proternations sur les petits tapis apportés pour l'occasion. On a dû en faire rire certains!
Claire, n'étant pas encore ménauposée, n'a pu se rendre à ce rassemblement.

S'il y en a bien un pour qui la fête est peu courte c'est bien notre regretté ami le mouton. Après l'avoir chéri quelques temps il est temps de passer aux choses sérieuses. Sékou le porte car notre condamné à mort ne veut plus marcher...


Fofana, en tant que chef de famille, a l'immense honneur de lui trancher la gorge. Il s'attèle à l'ouvrage et en 2min chrono il a rejoint le paradis des moutons. Une vidéo de la scène a été prise, mais pour ne pas effrayer le peu de visiteurs qui nous lisent encore, elle ne sera montrée qu'en France. Il ne s'agit pas en tous cas d'un modèle de protection animale. Pas toujours très drôle d'être mouton au Mali.


Il ne faut rien perdre du mouton et absolument tout sera mangé. Pour preuve les intestins et l'estomac seront vidés (vomi vert sur le devant de l'image) lavé puis cuisinés avec amour. Il paraît que c'est très bon; on les a crus sur parole!



Jean et son boubou!



Geoffroy et Fofana...en boubou!



Photo chez la famille Touré lors d'une de nos visites de salutations. Tout le monde est sur son 31. On est ensuite restés, jour de fête oblige, à regarder des films chinois d'arts martiaux avachis sur des matelas dehors...

3 commentaires:

  1. Bien sympa ces nouvelles, et la précision des activités ! Profitez bien :) la bise. Claire & Elisabeth.

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  2. Toujours aussi sympa d'avoir de vos news! bisous Pierro & Alex

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  3. la classe les tenues traditionnelles !
    en parlant des intestins du moutons, les votres doivent être dans un état !! ça fait envie.

    c'est top d'avoir des photos en tout cas

    biz

    Simone

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